mercredi 15 octobre 2014

"I Thought there would be more" - Boyhood, de Richard Linklater

"I thought there would be more". Cette réplique, entendue de la bouche d'Olivia, le personnage de la mère dans Boyhood, ne surprend pas dans un film de Richard Linklater. La trilogie Before Sunrise, avec ses dialogues qui ne mènent nulle part et ses histoires suspendues, conduisait à la même réflexion : "j'en attendais plus". La déception participe au fonctionnement et parfois au charme de ses films. 

Mais le côté troublant de Boyhood vient de la manière dont cette déception est totalement intégrée au dispositif. En étirant son tournage sur plusieurs années - pour restituer l'enfance du personnage principal, Mason - Linklater dénude le récit jusqu'à sa substantifique moelle temporelle. Il n'y a plus que cela : le discret travail du temps qui transforme subrepticement l'avant en après, et créé du vide (ce qui est à jamais perdu) avec du plein (l'addition des moments de vie). La soupir d'Olivia voyant partir son fils tient à ce paradoxe qui n'a rien d'inédit, mais trouve là une expression poignante.


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