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mardi 11 octobre 2011

La sérié comique US : déraison et sentiments

En matière de comédie, la série américaine hésite. Elle a beau être là pour faire rigoler, elle hésite. Elle est tiraillée entre la digression comique d’un côté et le sentimentalisme de l’autre. On y trouve rarement le regard bienveillant du burlesque, la tendresse de l’absurde. Le principe de ces séries, reposant avant tout sur les dialogues, semble bien ne produire que des gars sympas ou des têtes à claque – mais difficilement l’alchimie entre les deux. C’est pourtant entre ces deux pôles du baromètre que les auteurs placent comme ils peuvent le curseur. Prenons l’exemple de quatre séries comique qui, de la plus sucrée à la plus acide, ont voulu réinventer le cocktail comique.

Voir l'article chez Encore une fois.

lundi 24 mai 2010

Tina Fey, Steve Carell: la comédie ventriloque



Pendant que certains élèvent leur autorité sur les marches cannoises, que d’autres sont empêchés par des problèmes “de type grec”, des artisans consciencieux continuent de besogner à la production de vrais films hollywoodiens. Voyez Shawn Levy, entendez les titres prestigieux qui l’annoncent – Pour le meilleur et pour le rire, La Panthère rose (celle avec Steve Martin et Jean Reno…), La Nuit au musée, La Nuit au musée 2

Il y avait, dans les pitreries du Ben Stiller gardien de musée, une forme de naïveté démocratique typiquement américaine, qui ramenait toutes les époques et tous les endroits du monde à un vivre-ensemble enfantin ou pathétique, comme on veut. Shawn Levy portait presque malgré lui un regard facétieux sur cette Amérique-là, celle des communautés et du relativisme culturel. C’est la même douce impression de réussite involontaire qui séduit dans Crazy Night.

Avant de faire le duo d’acteurs, Steve Carell et Tina Fey commencent dans ce film par former un couple de spectateurs. Ils regardent leurs amis se séparer, contemplent au restaurant les amoureux qui s’embrassent, considèrent un avenir en ligne de fuite. C’est que l’humour des deux comparses s’installe d’abord dans la retenue – dans la raideur machinale de Steve Carell, dans l’allure commune de Tina Fey – et dans l’impuissance que leur impose leur statut de bourgeois de banlieue.

Ils ne restent pourtant pas spectateurs – ce n’est pas un regard distancié qu’ils apportent au film -, mais parviennent à suggérer, jusque dans leur apparente banalité, tout le comique d’une situation. Crazy Night a en ceci la mécanique d’une comédie ventriloque: deux personnages spectateurs, certes, mais qui s’approprient le monde pour lui prêter des dialogues et une mise en scène. Le ventriloque ne veut pas qu’on le regarde: il se cache derrière sa créature – et Steve Carell a ce genre de comportement quand il glisse une imitation du coin de la bouche, de même Tina Fey imaginant la discussion de ses voisins de tablée.

Crazy Night, c’est un peu la comédie burlesque en creux - celle où les personnages ne nous renvoient à eux-même et à leurs gestes que par ricochet, dans l’acte même de s’effacer devant la situation comique, comme pour mieux en faire partie. Ce fonctionnement a l’avantage de tout pouvoir digérer des rebondissements loufoques et des nunucheries romantiques - parodiées par le couple de bandits au grand coeur dont ils avaient pris l’identité. Et le moment le plus réussi du film est celui où les deux acteurs sont sommés de vraiment jouer la comédie – mimer des gestes louches dans un club pas net -, obligés de sortir de la réserve, de s’approprier malgré eux le geste burlesque.

lundi 27 octobre 2008

Comédie US: le royaume des perdants (Chapitre 3 - Steve Carell.)

Ils sont tous losers à leur façon. Trois grandes envolées fantasques retombant comme des soufflés. Trois acteurs américains que l'on voit gesticuler sur les écrans, certains depuis longtemps - l'éternel et inexportable Adam Sandler, l'infatigable Ben Stiller - d'autres, un autre en fait, depuis quelques années seulement, sous les traits du génial patron de la série The Office - Steve Carell bien sûr.

Voici enfin le nouveau venu. Droit comme un piquet, le visage tendu - que vient fendre de temps à autre un sourire crispé, agiter dans le feu de l'action un rire forcé -, Steve Carell est connu des Américains sous les traits de Michael Scott, le patron peu charismatique de la série The Office (US). Il jouait dans Bruce Tout-puissant un journaliste victime de la farce sadique de son collègue, Bruce, alias Jim Carrey. Etre manipulé comme une marionnette dégingandé ne l'a pas empêché d'être le héros de la suite, Evan Tout-puissant. Une marionnette: comment mieux parler de ce être mécanique trop tôt livré à lui même, de cette machine grippée, dont l'inventeur aurait depuis longtemps déposé le bilan (à défaut du brevet)?

Il y a pourtant un fantôme dans la machine à faire rire: un souffle mélancolique traverse la raideur métallique. Chez Steve Carell le comique et le pathétique sont les deux versants d'un même état. D'abord parce que nul n'est plus pathétique et plus drôle que Michael Scott dans The Office: patron auquel personne n'obeit, ami que personne ne veut... C'est d'ailleurs le principe de cette série que de donner à voir et à entendre, par le biais d'une caméra faussement intrusive, tous les soupirs émanant des rouages du lieu de travail.

Steve Carell sait faire moduler le pathétique jusqu'à la dépression. On l'a vu dans Little Miss Sunshine, ou récemment dans Coup de Foudre à Rhodes Island laisser quasiment de côté le comique pour se vouer au personnage triste. C'est que le ton pathétique peut sans transition mener du rire à la déprime. Et le comique même gardera une teinte foncièrement mélancolique, celle de la machine inachevée.
Une occasion rêvée pour nous faire le coup de l'espion gaffeur. Dans Max La Menace Steve Carell a cette allure insatisfaite du personnage limité dans ses fonctions. Par exemple Max ne fait pas deux choses à la fois: il ne peut pas se soulager et espionner en même temps une conversation en Russe - le courant n'est qu'alternatif... En somme tout le talent du personnage est de laisser affleurer, dans ce genre de singeries, le fond de mélancolie qui fait du comique un révolté contre sa propre condition.