samedi 29 septembre 2007

Deux coups de tête



Ce qui s’est passé le 9 Juillet 2006 n’est pas simplement mesurable à l’aune des classements de la fifa. Deux coups de tête. Le premier, image du victorieux de 98, est venu se briser, à l’horizontal, sur la barre transversale. Coup dur pour la mémoire télévisuelle des français. Quant au second, personne ne le vit arriver - et ce détail est loin d’être anecdotique. D’abord, une sorte d’agitation confuse pressentie hors du cadre. Après un temps d’hésitation nous apparaît, enrobée par le silence du mystère, la furie d’un coup asséné par Zidane sur la poitrine d’un italien gominé - vous excuserez le pléonasme. Image venue de nulle part, si ce n’est de ces zones opaques et incertaines du hors-champ - il fallut en fait l’intervention de la plus effacée des éminences grises, le quatrième arbitre, pour avoir une vidéo déterminant le carton rouge.


Ce carton fut précurseur d’un chaos : la fantasmagorie télévisuelle du black-blanc-beur a-t-elle volé en éclat sur la transversale ou sur le sternum de l’Italien ? Quel fut le premier, quel fut le second coup de tête ? Il sembla presque que cette action, surgie d’un « espace additionnel » - le hors-champ - bouleversait la stratégie narratrice du « temps additionnel ». A croire que la première tête de Zidane, frappée de malédiction, avait été manquée à cause du carton.
Pourtant, ces images furent loin de signifier la fin d’un mythe. Le propre de l’image et du spectacle, est de s’approprier, d’engloutir et parfois même de produire ce qui va à l’encontre de ses propres valeurs. Cette faiblesse, une fois sortie des ténèbres, fut à l’image une force d’autant plus grande.


Car il faut se l’avouer, quoi de plus beau que ce coup de boule de Zidane ? Quand Zizou met un coup, ce n’est pas la mauvaise béquille à la dérobée, la petite claque mesquine du latin excité. Non, nous avons eu le droit à un geste bien vertical, à un coup propre, à une faute en règle, tant efficace qu’esthétique. Merci d’ailleurs à ce grand comédien de Matterazzi qui voulu bien se prêter au jeu en s’étalant de tout son long. Voilà une histoire, vieille comme la mythologie, de mort et d’apothéose. On en oublierait presque que c'est le foot sur tf1.

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