samedi 16 janvier 2016

Les Huit Salopards, de Quentin Tarantino


Le talent de Tarantino consiste à tout transformer en comédie. Mais s'il prend le chemin de la parodie, c'est en sens inverse : il ne fait pas bégayer un genre pour le tourner en dérision, il utilise au contraire des ressorts comiques pour raviver les conventions auxquelles il fait référence. Quelque soit la place de l'action dans ses films, c'est par la parole que tout commence. L'étirement ou le dénouement des scènes, le dévoilement de l'intrigue, la construction des points de vues : toute la mise en scène est suspendue à l'éloquence facétieuse de ses personnages. Pour cette raison, j'ai tendance à juger les films de Tarantino à leur pure efficacité comique. Inglorious Basterds ou Django Unchained, par exemple, ont des qualités multiples, mais qui me semblent toutes procéder de la capacité qu'a Tarantino à mettre le sourire aux lèvres de ses spectateurs.

Tout ceci pour arriver à ma déception devant Les Huit Salopards, que je ne saurais pas expliquer autrement que par sa maladresse comique. Les dialogues sont bien là, mais distendus à force d'être étirés. Il y a bien des masques et des retournements, mais qui pointent vite vers un discours réchauffé et univoque sur la violence fondatrice de l'Amérique. Il y a enfin des gags, bien sûr, mais qui empruntent au comique de répétition le plus laborieux.