samedi 18 juillet 2009

Une étoile est née, de George Cukor - Hollywood sans voile


Est-ce à cause des minutes sans image qui trouent sa version de 1954? En tout cas A star is born, de George Cukor, est un film bien mélancolique. Il est loin, le roi de la comédie de remariage - mais a-t-il jamais été, du moins tel qu'on le décrit? Et si le principe est de faire fuser les répliques, ou de les tisser ensemble, bien serrées, pour faire une bonne comédie, alors la maille s'est peu à peu distendue, de Holiday à A star is born, en passant par The Philadelphia story. Car, de toute évidence, cette texture a des trouées de mélancolie. C'est le visage de Katharine Hepbnurn, les yeux embués, et qui regardent ailleurs. C'est aussi, dans le film qui nous intéresse, le regard halluciné de James Mason.

James Mason, dans le rôle de Norman Maine, est malade d'images plus que d'alcool. Il faut voir le même acteur dépendant à la cortisone dans Bigger than life, de Nicholas Ray - le titre français, Derrière le miroir, dit encore mieux la chose - pour comprendre quel genre de mal il a su exprimer à l'écran. Précisément, cette comédie musicale avec Judy Garland, plus encore que les autres avant, nous fait regarder à travers les mailles du genre, par l'intermédiaire, révélateur, de Mason qui y joue un personnage fondamentalement ambivalent. A la fois l'amoureux, celui qui a les yeux purs du spectateur pieux et fervent, et la créature morbide du système hollywoodien, celui qui brise le miroir et nous laisse entrevoir la folle mécanique. En cela, Norman Maine est le film lui-même.

Truffaut aimait parler de "grands films malades", et il n'y a qu'à regarder la longue cicatrice privant le film de quelques bonnnes minutes pour lui accorder ce statut. Judy Garland, dont ce film raconte aussi un peu la vie, offre de grands numéro en même temps qu'une espèce de maladresse. Il est poignant de voir la façon dont A star is born, par le fait même que c'est un film boiteux, avec des moments de vague tranchant sur des séquences magnifiques, est devenu contre la volonté de son réalisateur, le témoignage vivant de ce qu'il voulait montrer.

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