vendredi 28 décembre 2018

Top 2018



Top 5 2018 :
1. Heureux comme Lazzaro - Alice Rohrwacher
2. A L’ombre d’Emily - Paul Feig
3. La Ballade de Buster Scruggs - Ethan Coen, Joel Coen
4. La Mort de Staline - Armando Iannucci
5. Une affaire de famille - Hirokazu Kore-eda

Mentions spéciales :
Spider-man : new generation - Bob Persichetti, Peter Ramsey, Rodney Rothman
Roma - Alfonso Cuaron
Les Veuves - Steve McQueen
En Liberté ! - Pierre Salvadori
Tully - Jason Reitman
First Man - Damien Chazelle
Senses - Ryusuke Hamaguchi

Tout était fait pour que j'aime, mais finalement non :
- First Reformed - Paul Schrader
- Ready player one - Steven Spielberg
- Molly's game - Aaron Sorkin




mardi 18 décembre 2018

Séances de décembre

Leto, de Kirill Serebrennikov

Leto, de Kirill Serebrennikov
Triangle amoureux sur fond de rock dans l’union soviétique de Brejnev. Kirill Serebrennikov joue avec les surfaces : l’énergie d’une jeunesse sous la façade officielle du « rock club » de Leningrad, quelques plans en couleur sous le joli noir et blanc, l’image de Victor qui fait vaciller celle de Mike, l’icône rock, dans le cœur de Natalia. Tout est donc une histoire de couches : chaque plan peut craqueler et laisser voir une autre réalité, ou à l’inverse se retrouver recouvert de griffonnages, comme c’est le cas dans des séquences musicales réinterprétant musicalement des situations quotidiennes. Un pur film de fantasmes jamais réalisés, donc, et en cela assez inoffensif.

Une affaire de famille, de Hirokazu Kore-Eda
On a un peu vite tendance à faire de Kore-Eda le peintre attendri de la famille choisie (plutôt que la famille subie). En voyant Une affaire de famille, on comprend que c'est plus compliqué. Dès la première partie du film, et plus clairement dans la seconde, le tableau fait de cette famille est ambivalent : on ne saura jamais vraiment s'ils ont accueilli ou enlevé les enfants avec qui ils vivent, et l'insistance que met le personnage du père à se faire appeler "papa" est aussi touchante qu'oppressante pour l'enfant à qui il s'adresse. Le cocon familial, qui prend la forme d'un appartement tout en bricoles et en chausse-trappes, recèle ses lieux cachés qui sont autant d'espaces de libertés, propice à l'imagination, que de possibles prisons - c'est d'ailleurs sous la maison que sera enterrée la grand-mère si attachante. Kore-Eda ne fait jamais totalement basculer le point de vue d'un côté ou de l'autre, il montre cette famille de fortune telle qu'elle a été, jusqu'à son inéluctable fin.

Heureux comme Lazzaro, d'Alice Rohrwacher
(Attention, je dévoile ici quelques éléments clés de l’intrigue.)
Difficile de dire en peu de mots tout ce que ce film parvient à cristalliser, entre une certaine réalité sociale, la légende paysanne, l’hagiographie et le récit biblique - sans lourdeur et toujours au service d’une histoire singulière : celle de Lazzaro, simple d’esprit dans une exploitation agricole italienne des années 80. Vraiment convaincu par la manière dont Alice Rohrwacher utilise le merveilleux chrétien pour déployer son récit d’une époque à l’autre, avec des miracles aussi saugrenus (comme il se doit dans une vie de saint) que profondément naturels au personnage.

Spiderman new generation, de Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman 
Mieux que d'autre films de 2018 (Ready player One par exemple), Spiderman new generation parvient à faire cohabiter différents régimes d’images sans sacrifier la lisibilité de l'action. On voltige entre l’animation, le comic book, des touches de street art, de cartoon et d'animé japonais. Phil Lord, au scénario, sait tirer de cette esthétique fragmentée, et d’une idée compliquée (un trou noir et plusieurs dimensions), un véritable film pour enfants.

Roma, d'Alfonso Cuaron
Je n’ai pas été gêné comme d’autres par la virtuosité affichée des plans séquences de Roma, en revanche j’ai d’abord eu du mal à comprendre l’intérêt du noir et blanc, qui m’a semblé aplatir l’image et la neutraliser. De fait, peu de chose ressort de la première partie, sinon la familiarisation progressive avec le personnage de Cleo. Mais on découvre justement, au gré des événements qu’elle traverse, que tout l’intérêt du film est là : dans ce point de vue flottant, persistant, accueillant avec une sorte de flegme vital la variétés des peines et des joies d’une vie.

vendredi 7 décembre 2018

Séances de novembre


First Reformed, de Paul Schrader
J'ai beau être parfaitement dans la cible de First Reformed, de Paul Schrader, j'ai du mal à aimer ce film, qui transplante brillamment le mélodrame du doute religieux (à la Bresson et Bergman) dans un monde moderne, avec ses peurs et ses questions existentielles spécifiques. Mais, à l'exception d'un moment magnifique, je trouve le film un peu poseur, se contentant d'envoyer les signaux mystico-pessimistes et de jouer avec les symboles. Le traitement par Schrader de son sujet de toujours est un peu emprunté (sur un thème voisin, il était plus surprenant par exemple dans Touch).

La Ballade de Buster Scruggs, de Joel et Etan Coen
La juxtaposition des formats courts est parfaitement adaptée au style des frères Coen, qui se joue de l'anecdotique, le pousse jusqu'à l'absurde et, paradoxalement, jusqu'à une forme d'émerveillement.

Les Veuves, de Steve McQueen
Un film de genre investi par une scénariste (Gyllian Flynn) et un plasticien (Steve McQueen), cela donne moins une démonstration de mise en scène qu'une collection de beaux personnages et de belles idées. Je retiens par exemple un dialogue en hors champ entre un politicien et sa conseillère en communication, dans une voiture, qu'on surprend comme un enregistrement qui aurait fuité. Le film parvient en deux heures à donner vie aux quatre personnages féminins, puis à les faire coexister, sans forcer le trait ni hâter les trajectoires.