dimanche 4 octobre 2009

Hôtel Woodstock, d'Ang Lee - tu n'as rien vu à Woodstock


Je dois vous faire une confession. Quelque soit mon âge, à Woodstock, je ne suis pas sûr que j'aurais été du côté des jeunes. J'ai honte, mais je crois même que j'aurais été parmi les grognons qui pestent contre l'invasion des chevelus - comme un indigène râlant à l'arrivée des touristes en sandales. Et Ang Lee, apparemment, n'avait pas trop envie de convaincre les ronchons de mon espèce. Il faut la voir, la tête de son Woodstock. Pour vous donner un aperçu, imaginez un week-end d'intégration de business school (en plus chic: on y prend de l'acide, pas de l'alcool) où les étudiants décideraient d'ériger en loi morale leur propre déchéance.

Car c'est ça, Hôtel Woodstock, deux longues heures où la médiocrité d'une génération est auréolée du seul prestige de sa présence oisive et partiellement vêtue. Ang Lee joue d'ailleurs à fond la carte de la nostalgie - avec ses splitscreens inutiles, dans le genre "images d'époque" - et je me sentais presque de trop, moi qui n'ai connu ni les sixties ni les seventies (et à peine les eighties! Mais ça n'a rien à voir.) Ce qui ne m'a pas échappé, en revanche, c'est la curieuse ressemblance de ces silhouettes aux mines hagardes avec les zombies de La Nuit des mort-vivants. Et bien sûr, par analogie, leur ressemblance avec les mort-vivants de la consommation de masse.

Ang Lee ne s'y trompe d'ailleurs pas, en s'extasiant sur la logistique de l'entreprise et l'imaginaire de la marque Woodstock, comme pour mieux ignorer ce qui représente le seul intérêt de l'événement: la musique. C'est toute l'histoire du film, ce personnage d'Eliot qui veut aller au fameux concert qu'il a contribué à organiser, mais qui n'y arrive jamais, tant il est happé par l'euphorie de la foule - en gros, c'est comme une ménagère de moins de cinquante ans, première entre toutes à l'ouverture des soldes, mais à qui la folie de la horde acheteuse fait oublier ce qu'elle était venue chercher. Les divers acides ne font que flatter cet enthousiasme sans motif qu'est l'effet de masse, le mouvement de foule.

Il faut enfin parler de la remarque finale de notre héros face au terrain dévasté et parsemé de déchets (une remarque dépourvue d'ironie, faut-il le préciser): "It's beautiful". Ce bon mot dépasse de bien loin le fameux "Ceci n'est pas une pipe" de Magritte. Rarement un personnage aura aussi bien décrit l'exact contraire de ce qu'il y a à l'écran.

7 commentaires:

  1. Tu as achevé de me convaincre de ne pas aller voir le film. Sans me poser du côté des chevelus, la musique de Woodstock m'attire. Mais si en plus on ne voit pas de concert, je ne vois pas l'intérêt du film. 2h d'économisées, merci bien.

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  2. alors comme ça, t'as aimé ?

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  3. Capitaine ombrageux7 octobre 2009 à 16:56

    Je crains un film " sur les rave (???)-party !? le kaki à la place des fleurs
    P.S. : Je suis de la génération Woodstock ( ou Monterey ) j'ai les dvds.
    j'avais vu le film pendant mon service militaire en Allemagne ( kaki l'uniforme comme ceux des "raveurs" )
    Pire ! j'écoute toujours ce genre de groupe, Crosby, Stills and Nash, Jefferson Airplane, ce qui ne m'empêche pas de connaitre Henri Dutilleux, Arvo part, Rautavaara ou Giovanni Gabrieli (non ! ce n'est pas un footballeur ou un coureur cycliste italien )
    P.S. : je n'ai jamais pris de drogues et johnny-TF1-optique machin me fait zapper...

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  4. what is this movie rated? any nudy booties? it looks funny.

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  5. I don't know how it has been rated in the US, but it should be forbidden to any sane person. Not funny, that's the problem. But yes, there are some nudy booties, that's the only good point! (kidding)

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