lundi 25 juillet 2011

L’art de parler faux, l’art de sonner vrai - Un amour de jeunesse, de Mia Hansen-Løve

J’ai d’abord cru que le phrasé maladroit du personnage de Sullivan était le défaut d’Un amour de jeunesse. Mais à y bien réfléchir, je me demande si ce n’est pas ce qui en fait sa véritable étrangeté – comme un vide venu remplacer le souffle mystérieux du Père de mes enfants. Car que nous montre Mia Hanse-Løve dans ce film, sinon la beauté vaine et sincère d’un amour passionnel, entêtant, qui se ment à lui-même, qui s’abîme à sonner vrai et à parler faux ? Cette histoire, c’est du cinéma et c’est de la vie, c’est la mélodie et la maladie d'un certain amour. La dichotomie (cinéma contre réel) est reprise par la réalisatrice dans plusieurs interviewes, et il ne me semble pas que ce soit là une coquetterie d’ancienne critique. Non, il me semble au contraire qu’elle parvient par ses plans précis, par son art du rythme, à faire dérailler le petit train de Truffaut, à en détourner le fétichisme et l’instinct de mort vers un déséquilibre vital qui mélangerait le naturel et le construit. Ce Sullivan existe à peine à l’écran, et c’est lui pourtant qui inspire les gestes nus et inexplicables de Camille. Moins adorable qu’une Sirène du Mississipi, moins gracieux que Le Père de mes enfants, Un Amour de jeunesse raconte très bien, pourtant, l'histoire de cet amour sans véritable objet.

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