jeudi 17 septembre 2009

District 9, vrai faux docu-science-fiction





On se demande, au début de District 9, si on n'est pas dans la version sud-africaine de The Office. Même jeu sur l'image et le témoignages documentaires, un acteur qui a quelque chose du boss US de la série (Steve Carell), le tout appuyé par une esthétique de JT de chez CNN. Ce n'est qu'à l'apparition du premier alien gluant et cartilagineux que l'on se dit qu'il y a anguille - ou crevette, car c'est comme ça que les humains bien peu hospitaliers appellent ces bestioles - sous roche.

De la science-fiction, certes - avec tout ce que cela implique d'engin spatial flottant dans l'air, et d'ombre portée sur la ville - mais surtout de l'analogie politique, puisque les aliens sont parqués dans des camps de réfugiés, traités en pestiférés comme d'autres le furent à une autre époque, dans le même pays. On voit se profiler la métaphore vide et la caution politique, pour justifier bien facilement l'histoire et l'esthétique déployées. Et en effet si l'on va dans ce sens, on court vite au non-sens, par exemple quand les ligues des human rights manifestent pour les non-humans... D'ailleurs les seules questions valant un peu le coup dans cette affaire (comment humains et aliens font-ils pour se comprendre? Dans quelle langue?) sont royalement ignorées. Et au fond peu importe, puisque, on s'en rend compte avec réjouissance, le propos politique s'effondre bientôt sur lui-même, pour donner du mou à la science-fiction basique. Neill Blomkamp invente le propos politique comme figure de style de la science-fiction, comme prétexte à un décorum médiatique fait de reportages, d'interviews et de caméras de surveillance - et c'est tout.

L'originalité de District 9, curieusement, n'est pas vraiment d'avoir su ancrer la fiction dans le réel: ce n'est pas de l'extraordinaire lesté par les effets de réel du documentaire. On s'aperçoit au contraire du pouvoir de narration présent dans le style "document", où les témoignages, bien agencés, deviennent des effets d'annonce, des outils de dramatisation parfois lyriques. Comme si, paradoxalement, le réel était plus du côté des bêtes à tentacules que des témoins à forme humaine. Je ne suis pas un spécialiste du genre, mais cela ressemble à un signe de réussite, non?

3 commentaires:

  1. Je ne suis pas spécialiste du genre non plus mais je trouve en effet que ce film est une grande réussite.

    Il est vrai que le propos politico-social a très peu de profondeur, mais la forme du film (aspect documentaire, qui crédibilise le message politique lorsqu'il est bien mis en scène) lui permet de garder de la cohérence malgré cela.

    L'action et le suspense faisant le reste, on passe un excellent moment !

    RépondreSupprimer
  2. Un film de SF de type hollywoodien en Afrique, enfin ! Même s'il s'agit de l'Afrique du Sud (plus développé et plus occiental que tout autre pays africain), même si les capitaux sont étrangers à ce continent, même ponctuel, un tel changement a son importance.

    RépondreSupprimer
  3. C'est vrai Ornelune, je n'y avais pas pensé.

    RépondreSupprimer