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dimanche 8 septembre 2013

Le comique de sabotage

L'intérêt de Clear History (téléfilm HBO de Greg Mottola) est de systématiser l'humour de Larry David en quelque chose qu'on pourrait appeler le comique de sabotage. Le principe est le suivant : quelque soit la situation, le personnage saura la tourner à son désavantage et au désavantage du plus grand nombre. Tout ce qui arrive dans le film devient un obstacle devant lequel reculer. C'est d'ailleurs le point de départ du film : Nathan, le directeur marketing d'une start-up, vend ses parts suite à une dispute avec son patron, sans savoir qu'il vient ainsi de passer à côté de milliards de dollars. Son premier geste, qu'il ne fera ensuite que prolonger par d'autres moyens, est donc de se tirer une balle dans le pied.

L'idée de sabotage traverse ainsi le scénario de bout en bout - de ce premier épisode au fantasme d'explosion dans la seconde partie - mais est surtout omniprésente dans le jeu de Larry David. Les digressions de son personnage font rarement rire pour elles-mêmes : elles font rire parce qu'elle sont des digressions. C'est-à-dire des manières de faire du surplace quand il s'agirait d'avancer, ou de tourner en rond quand il s'agirait de filer droit. La parole comique est là pour énerver et neutraliser le mouvement. La séquence emblématique est celle où deux voitures se croisent sur un petit chemin de campagne : Larry David est certain que c'est à l'autre conducteur de reculer, il insiste jusqu'à la paralysie totale, puis jusqu'à l'explosion de la situation.

A la fin de Clear History il y a une certaine satisfaction à voir ce personnage parvenir même à saboter son propre sabotage, réalisant ainsi le grand rêve d'inconsistance contenue dans ce petit film.

dimanche 12 juillet 2009

Whatever works - New-York est revenu!


On l'avait presque oublié, celui-là. Le new-yorkais névrosé, celui qui parle à la caméra, celui qui a des théories sur tout, le mégalomane attendrissant. Et, pour le coup, ce n'est pas Woody Allen, mais un certain Larry David, un chauve à lunettes. Son personnage, Boris Yellnikov, ressemble d'autant plus au cinéaste que ses réguliers apartés au spectateur lui donnent quasiment un statut de narrateur, qu'il semble difficile de dissocier de celui du metteur en scène.

Il s'agit d'illustrer, sur le mode comique, le slogan selon lequel "nous ne sommes que des vers". C'est cela qui charme, d'ailleurs, dans Whatever works: d'un côté une trame schématique, assez peu vraisemblable, et de l'autre une prétention à l'observation scientifique. Et il y a comme du Heisenberg de boulevard à montrer la façon dont l'observation, toute désabusée qu'elle soit - et c'est précisément le rôle de Boris - influe finalement sur l'objet d'étude.

L'objet d'étude, ici, c'est l'anthropologie new-yorkaise, à la quelle viennent se frotter des Américains profonds, des Américains du sud. La rencontre donne lieu à des formules cocasses (un exemple: le sudiste demandant à son camarade de comptoir s'il est "de la confession homosexuelle" et pestant contre toutes les femmes, "either male or female"). La conversion de la famille américaine traditionnelle aux moeurs dissolues de New-York est simplement présentée comme le passage d'une mascarade à une autre, la seconde n'étant pas moins absurde que la première - même si c'est celle du faux observateur et du vrai metteur en scène. Relativisme culturel aussi facile qu'efficace, notamment quand il s'agit d'éclairer le sens du titre: Whatever works...
Des avis plus tranchés chez Nightswimming et Dr Orlof