lundi 5 décembre 2011

Gentleman Jim


La beauté de Gentleman Jim est toute concentrée dans les gestes précis et désinvoltes de l'acteur, Errol Flynn. "Il aurait pu être danseur", suggère le pasteur en regardant son jeu de jambe. Pas sûr, car la chorégraphie du ring n'est pas gratuite, elle est toujours l'instrument d'une victoire. C'est même ce qui en fait la noblesse. Etre aristocrate, chez Walsh, est synonyme de faire l'aristocrate : s'habiller de la meilleure des manières, remettre ses cheveux en place, devenir champion du monde de boxe, séduire une riche héritière. L'Amérique est le pays où la noblesse se conquiert. Et la grâce de ce mouvement, la tension de ce désir, seul le cinéma pouvait honnêtement en rendre compte.

3 commentaires:

  1. Arthur Dexter Bradley said, "I'm really not sure."
    Cops said, "A poor boy like you could use a break
    We got you for the motel job and we're talkin' to your friend Bello
    Now you don't wanta have to go back to jail, be a nice fellow.
    You'll be doin' society a favor.
    That sonofabitch is brave and gettin' braver.
    We want to put his ass in stir
    We want to pin this triple murder on him
    He ain't no Gentleman Jim."

    ;-)

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  2. Ce truculent -et immensément sympathique- biopic (le vrai James Corbett est ici partie prenante de l’adaptation de son autobio) sur la peu orthodoxe ascension d’un jeune boxeur « prétentieux, vantard et irlandais », ancien employé de banque malin et ramenard issu d’une famille pour le moins haute en couleurs, constitue certainement la prompte acmé de la collaboration Walsh-Flynn (3/7 films). La principale raison à cela étant sans doute que Gentleman Jim s’avère être LE Héros Walshien : insolence, manières de forban vaniteux, compensées par une curiosité de tous les instants, une soif de vie communicative, une générosité sans borne, une alter-élégance et une quête de l’absolu iconoclaste, renversant ironiquement les plus farouches conventions (la manière de manipuler le Club Olympique et ses membres est à ce titre positivement réjouissante)… Autant de qualités propre aux persos comme les affectionne le remuant et bruyant Raoul !
    Roborativement positif, enjoué et porté par diverses énergies (alcooliques, sportives, frondeuses), le titre s’offre cependant sous une forme très classique (ce qui n’interdit pas l’anthologique : le combat sur les docks est un authentique morceau d’Histoire cinématographique !), au cadre sobre (mais au montage parfois nerveux) alant jusqu'à user ça et là de naïves complaisances, voulues burlesquement empathiques (le surjeu des frères Corbett mimant, au bord du ring, les combats d’Eroll, le running gag/slogan (Les Corbett remettent ça !)) mais aussi de "mollesses" de casting (l’Ann Sheridan ou l’Ava Gardner pressenties pour le rôle de Victoria Ware, tenu anecdotiquement ici par Alexis Smith n’auraient-elles pas mieux valu ?).
    Mais le tout est porté par une telle force que ces vétilles s’oublient vite.
    Et on ne retient au sortir que le jeu -sautillant et espièglement gourmand- d’un Flynn épatant, livrant une performance de belle tenue, digne des meilleurs Curtiz (Robin Hood, Captain Blood, Sea Hawk mais est-ce bien utile de les rappeler ?) et l'encourageant de la fable à dépasser les barrières, à transgresser les convenances pour peu qu'on ait un réel et sincère talent à défendre !

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  3. Merci Mariaque pour ce beau commentaire !

    Je ne connais pas encore Walsh très bien, mais je dois dire que ce que j'ai vu jusqu'à maintenant m'a beaucoup impressionné. Je me souviens notamment de l'excellent Manpower. Dans l'ensemble, je crois que c'est la notion d'énergie, ou de force, que je garde de ces deux films. Je trouve même que les running gags sont une manière de généraliser (même un peu facilement) l'enthousiasme communicatif de Jim.

    Dernière chose : "transgresser les convenances, dépasser les barrières", je ne suis pas sûr ! J'ai l'impression au contraire que toutes les normes et les statuts sociaux sont pour Jim désirables. Mais comme tu le dis, il y a une forme de désinvolture ou d'ironie dans la manière dont il en fait la conquête. Je trouve ça typiquement américain.

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