Étonnamment paisible, pour une histoire de rédemption. Jeff Bridges prend le temps de composer un personnage en bout de course, à moitié boiteux, toujours débraillé, prêt à se soulager, buvant, suant. Il est flou, barbu et barbouillé, ce Bad Blake, si bien qu'on le saisit difficilement - pas plus que lui n'arrive à se ressaisir. Il pourrait accéder au type du loser, qui a depuis quelque temps déjà ses lettres de noblesse au cinéma - on pense aux frères Coen, à Walk the line puis à The Wrestler. Mais pourtant Scott Cooper arrive très bien à le maintenir dans toute la banalité de sa condition, sans l'illuminer de quelque aura paradoxale, celle du Dude dans The Big Lebowski par exemple. C'est que Crazy Heart est un film relativement lent, pas pressé de ses effets, qui installe calmement la présence désarticulée du has been.
En face de lui, il y a une Maggie Gyllenhaal qui soigne ses gestes, a des manières, fait des façons. Elle ferme les yeux, regarde de biais, lance des sourires entendus: tout une petite comédie qui n'est pas là pour sauver le chanteur country de sa pesanteur. Sa présence ancre au contraire Bad Blake dans une histoire encore plus banale, une chanson encore mieux connue: une histoire d'amour. Son portrait se désembue, on commence à voir son visage. C'est comme un bon thème de country, nous dit le personnage: la bonne mélodie est celle qui a déjà l'air familière. Et le film fonctionne comme ça, dans une révélation par le bas - plus c'est banal, plus c'est présent, plus c'est prenant. Comme si Bad Blake gagnait en réalité à mesure qu'il acceptait de s'exposer à la trivialité du sentiment amoureux.
L'amour ne l'envoie pas au ciel mais lui met les pieds sur terre. Ainsi donc il n'y aura pas de rédemption glorieuse. Adieu, la chair transfigurée de The Wrestler, bonjour matins tristes et réunions d'alcooliques anonymes dans des jardins proprets. Bienvenue dans la rédemption avec un petit r. C'est surprenant, tout de même, cet horizon plat de la musique country. Des airs plus ou moins entraînants, qu'on croit connaître parce qu'ils sont vieux comme les États-Unis, et un héros déclaré sauf parce qu'il a arrêté de boire, s'est rasé et accepte de faire les premières parties de son ancien protégé. On a beau être surpris de si peu de prétention, la musique est là, transportant cette histoire banale entre toutes.
En face de lui, il y a une Maggie Gyllenhaal qui soigne ses gestes, a des manières, fait des façons. Elle ferme les yeux, regarde de biais, lance des sourires entendus: tout une petite comédie qui n'est pas là pour sauver le chanteur country de sa pesanteur. Sa présence ancre au contraire Bad Blake dans une histoire encore plus banale, une chanson encore mieux connue: une histoire d'amour. Son portrait se désembue, on commence à voir son visage. C'est comme un bon thème de country, nous dit le personnage: la bonne mélodie est celle qui a déjà l'air familière. Et le film fonctionne comme ça, dans une révélation par le bas - plus c'est banal, plus c'est présent, plus c'est prenant. Comme si Bad Blake gagnait en réalité à mesure qu'il acceptait de s'exposer à la trivialité du sentiment amoureux.
L'amour ne l'envoie pas au ciel mais lui met les pieds sur terre. Ainsi donc il n'y aura pas de rédemption glorieuse. Adieu, la chair transfigurée de The Wrestler, bonjour matins tristes et réunions d'alcooliques anonymes dans des jardins proprets. Bienvenue dans la rédemption avec un petit r. C'est surprenant, tout de même, cet horizon plat de la musique country. Des airs plus ou moins entraînants, qu'on croit connaître parce qu'ils sont vieux comme les États-Unis, et un héros déclaré sauf parce qu'il a arrêté de boire, s'est rasé et accepte de faire les premières parties de son ancien protégé. On a beau être surpris de si peu de prétention, la musique est là, transportant cette histoire banale entre toutes.
Bonjour Timothée, j'ai dit tout le bien que je pensais de ce film le 11/03/10. Jeff Bridges est bouleversant. Bonne journée.
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