Eastwood part d'une improbable coïncidence (un juré découvre lors d'un procès qu'il est peut-être l'auteur du meurtre en train d'être jugé) pour décrire une justice où tout le monde est à la fois juge et partie. Une incongruité devient la règle : la « vérité en marche », selon la définition de l'un des personnages, pousse chacun à sortir de son rôle (de la procureure, innocentant à contre-temps celui qu'elle accusait, à cet autre juré, ancien policier, qui mène sa propre enquête). Et ce qui commence sagement comme un film de procès, voyant se succéder par des montages parallèles les plaidoiries, les témoignages à charge et à décharge, est déséquilibré par ce juré, spectateur embarqué se projetant par ses souvenirs, par son dilemme, dans l’arène du tribunal. Avec ce débordement de la vie sur l'institution, le film acquiert une dimension existentielle, où la culpabilité n'est pas une donnée extérieure, mais une potentialité affectant intérieurement tous ceux qui œuvrent à sa révélation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire