Dans le bonus du DVD de La Parentèle, Pierre Murat intervient pour expliquer que Nikita Mikhalkov délivre dans son film une morale : celle de la campagne éternelle - et donc de la Russie éternelle - contre la ville moderne et occidentalisée. C'est en effet l'argument du film, mais on verra tout autre chose dans cette histoire d'une paysanne venue à la ville pour visiter sa fille et sa petite-fille. Il me semble, en effet, que le regard porté sur la Russie des années 80 est à la fois nostalgique - c'est le regard désemparé de la paysanne - et fasciné par les dérèglements de la modernité. C'est paradoxalement la même folie des grandeurs qui porte haut et fort les principes moraux d'une supposée âme russe (mesure et démesure du personnage de Maria) et qui contemple dans de longues séquences l'énergie folle de la modernité urbaine : motards à costumes multicolores, gigantesque stade baigné par la lumière artificielle, petite fille se dandinant en costume au rythme de son walkman. Bref, pour un Mikhalkov moraliste et emmerdant, il faudra plutôt voir 12 que ce joli film de transition ratée (familiale, nationale) qui finit tout de même en rassemblant sur les mêmes rails les trois générations : grand-mère, fille, petite-fille.
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