lundi 13 mai 2013

The Thing, de John Carpenter

 

1.  C'est un lieu commun du film de science-fiction (on pense à The Invasion of the Body Snatchers), mais dans The Thing, John Carpenter approfondit et systématise l'idée que le corps, ou du moins l'apparence physique, peut devenir une coquille habitable par une présence étrangère, monstrueuse ou extra-terrestre. Et l'intérêt du film vient autant de la conséquence de cette possibilité - le soupçon obsessionnel - que de sa cause : le fait que l'apparence soit pensée en opposition à l'intériorité, et non comme son expression. La mise en scène est là pour rendre compte d'une soustraction progressive de la chair et des formes humaines : à la fin, le personnage de Kurt Russel est seul à combattre contre des ombres. Le sous-texte paranoïaque de The Thing a beaucoup été analysé, alors qu'il semble très simple : c'est le combat perdu d'avance contre la mort, c'est-à-dire contre la séparation perpétuelle de l'âme et du corps.

2. Mais la mort en action, la chose, est plus complexe que cela. C'est une créature protéiforme dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Nichée derrière les apparences ou enveloppant les corps de ses tentacules, c'est à la fois une force visible et souterraine. Une anti-matière qui tantôt absorbe, tantôt recycle, transformant le moindre bout de chair en organe et le moindre organe en bestiole autonome. Intériorité et extériorité, forme et matière, corps et âme, tout est mis sens dessus dessous, tout est englouti dans un chaos monstrueux.

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