mercredi 12 août 2009

Sam Peckinpah, La Horde sauvage - la violence, ce jeu d'enfant



Probablement me faudra-t-il approfondir un peu ma découverte de Sam Peckinpah pour en comprendre vraiment la dynamique cachée. Le plus évident, dans La Horde sauvage (The Wild bunch, 1969), c'est le déchaînement de puissance et ces fameux ralentis qui décomposent magistralement les fusillades. Ou encore les chevaux, ces autres forces sauvages domestiquées, qui tombent, les muscles tendus, dans des nuages de poussière.

Derrière l'éternel dernier western (celui de la force non civilisatrice) il y a un manière, une façon sans pareil de recueillir la violence à l'état pur. Cette manière procède en même temps de deux dispositions: celle de l'action, du mouvement continu fluidifié par le ralenti et, face à cela, celle de l'observation, sous forme de coupures brèves et statiques, qui vient cribler le mouvement. Le temps de l'instinct est aussi celui de l'analyse. Tout le film ressemble à ça: l'évidence sans discours de la force sauvage et absurde - par exemple la scène comique où l'armée mexicaine essaie la mitrailleuse sans parvenir à la contrôler (c'est littéralement la puissance sans mode d'emploi) - en même temps que l'observation métaphorique - avec ce qui ressemble à un propos (par exemple les enfants regardant un scorpion assailli par une armée de fourmis). Le mouvement est décortiqué, l'action observée in vivo.

Peut-être que si cette simultanéité s'impose, c'est précisément parce que c'est la vie même, dans son surgissement le plus sauvage, qu'il s'agit d'analyser. Nous avons parlé de la façon dont les chevaux étaient filmés, mais il y a aussi dans La Horde sauvage une place fondamentale pour l'enfant. Sur le seuil de l'état sauvage, l'enfant est par excellence la créature en devenir, le désir de croissance. Il est celui que la violence fascine, à l'image de ce garçon regardant dans un grand sourire l'allure du général Mapache. C'est le même garçon qui jouera un rôle dans le terme de la fusillade finale. Avec cette figure enfantine, voici la violence installée comme soubassement de la vie et de la mort.

Billy Wilder, The Apartment - habiter l'inhabitable


The Apartment, de Billy Wilder, a l'air d'avoir été fait il y a seulement quelques années. C'est qu'on est sûr de trouver, dans ce film de 1960, une atmosphère tristement moderne. Et ce ne sont pas seulement les situations et les accessoires qui, de l'open space à la bière-pizza-téloche, conditionnent encore ce mode de vie que nous cherchons tous à fuir. Il y a surtout une question d'espace, ou plutôt de lieu. La garçonnière dont il question le dispute au bureau, gigantesque et uniforme, comme espace de vie. Et ce petit appartement, pour être au centre de toute l'histoire, n'en est pas moins avalé par ce monde du travail fait de grands espaces, certes simplissimes, mais que le jeu des ascensceurs, des connexions et des promotions transforme en labyrinthe.

Toute l'histoire de The Apartment est justement celle de ces relations de travail qui envahissent l'espace intime du soir et de la nuit, pour chasser tranquillement celui qui l'habite. La raison, d'ailleurs, pour laquelle on emprunte son appartement au personnage de Jack Lemmon (de l'adultère joyeux et ordinaire), fait justice a l'aspect sordide de la chose. A un moment, lorsqu'il s'agit de fêter Noël sur le lieu de travail, le mouvement s'inverse: l'open space se mue en club, les gens s'embrassent, l'atmosphère glacée de la journée s'embue sous l'effet d'autres relations, plus charnelles mais tout aussi triviales.

Est-ce bien d'une comédie dont nous parlons? Oui, nous n'avons pas encore parlé de l'entrain de Jack Lemmon, de ses mimiques burlesques et de cette énergie qu'il met à vivre dans le monde décrit plus haut. Car tout l'enjeu de ce mélodrame comique revient, pour lui, à se rapproprier cette fameuse garçonnière, à en faire de nouveau un lieu de vie - l'endroit qu'il habite, contre celui du relatif et de l'intermédiaire. La relation de voisinage en lieu et place du réseau professionnel. Voilà qui donne tout son sens à la comédie romantique, puisque, dans le même endroit où elle a voulu se laisser broyer par la tristesse de cette vie, le personnage charmant de Shirley Maclaine finira par trouver un refuge: un lieu familier. Le voici, l'adjectif qui décrit aussi bien l'impression laissée par Jack Lemmon que celle, inverse, de cette modernité qui s'éternise.

mercredi 5 août 2009

Questionnaire cinéphile

Un peu avant de partir en vacances,voici un questionnaire, tel que traduit de l'Américain par Vincent de Inisfree. D'autres, chez Cinematique, Nightswimming ou Dr Orlof, ont déjà répondu. A mon tour de me livrer à cet exercice pas commode du tout.


1) Quel est votre second film favori de Stanley Kubrick ?

Barry Lindon

2) Quelle est l'innovation la plus significative / importante / intéressante dans le cinéma de la dernière décade (pour le meilleur ou pour le pire) ?

Les plans et la bande-son de Gerry.

3) Bronco Billy (Clint Eastwood) ou Buffalo Bill Cody (Paul Newman)?

Bronco Billy

4) Meilleur film de 1949.

I Was a Male War Bride (Allez coucher ailleurs)

5) Joseph Tura (Jack Benny) ou Oscar Jaffe (John Barrymore)?

Joseph Tura!



6) Le style de mise en scène caméra au poing et cadre tremblé est-il devenu un cliché visuel ?

C'est un procédé comme un autre.

7) Quel est le premier film en langue étrangère que vous ayez vu ?

Le premier dont je me souviens, c'est les Enchaînés de Hitchcock

8) Charlie Chan (Warner Oland) ou Mr. Moto (Peter Lorre)?

Peter Lorre, sans connaître les films en question.

9) Citez votre film traitant de la seconde guerre mondiale préféré (période 1950-1970).

La Grande vadrouille (c'est dire mon amour pour les films de guerre).

10) Citez votre animal préféré dans un film.

Le léopard de Bringing up baby.

11) Qui ou quelqu'en soit le fautif, citez un moment irresponsable dans le cinéma.

Tarantino récompensant Michael Moore.

12) Meilleur film de 1969.

La Sirène du Mississipi, de Truffaut.

13) Dernier film vu en salles, et en DVD ou Blu-ray.

En salle : Prends l'oseille et tire toi, en dvd la Horde sauvage, de Peckimpah.



14) Quel est votre second film favori de Robert Altman ?

The Player

15) Quelle est votre source indépendante et favorite pour lire sur le cinéma, imprimé ou en ligne ?

Les blog cités dans ma liste, puis des revues, quand un sujet me tape à l'oeil.

16) Qui gagne ? Angela Mao ou Meiko Kaji ?

Je passe.

17) Mona Lisa Vito (Marisa Tomei) ou Olive Neal (Jennifer Tilly)?

A l'estime des apparences, je dirais Mona Lisa Vito.

18) Citez votre film favori incluant une scène ou un décor de fête foraine.

Sudden Impact, de Clint Eastwood.

19) Quel est à aujourd'hui la meilleure utilisation de la video haute-definition sur grand écran ?

Je suis encore sous le choc de l'avant-dernière séquence de Public Ennemies.

20) Citez votre film favori qui soit à la fois un film de genre et une déconstruction ou un hommage à ce même genre.

Presque toutes les bonnes comédies musicales, de Tous en scène à All that jazz, mais comme ce n'est pas du jeu de dire ça, je me prononce pour New York, New York de Scorsese.

21) Meilleur film de 1979.

La Vie de Brian, des Monty Python


22) Quelle est la plus réaliste / Sincère description de la vie d'une petite ville dans un film ?

I Vitelloni, de Fellini.

23) Citez la meilleure créature dans un film d'horreur (à l'exception de monstres géants).

La mouche en cours de mutation, dans le film de Cronemberg. Dégoutant.

24) Quel est votre second film favori de Francis Ford Coppola ?

Le parrain 2.

25) Citez un film qui aurait pu engendrer une franchise dont vous auriez eu envie de voir les épisodes.

Disons Le Magnifique, de Philippe de Broca.

26) Votre sequence favorite d'un film de Brian De Palma.

Les vraies fausses révélation de Jon Voight à Tom Cruise dans Mission Impossible, avec un flash back qui montre autre chose que ce qui se dit.

27) Citez votre moment préféré en Technicolor.

Le numéro d'un Américain à Paris autour de la fontaine (Minnelli, 1951)

28) Votre film signé Alan Smithee préféré.

Pas vu.

29) Crash Davis (Kevin Costner) ou Morris Buttermaker (Walter Matthau)?

Kevin Costner, parce que j'aime bien l'acteur.

30) Quel film post-Crimes et délits de Woody Allen préférez vous ?

Match point, avec une mention spéciale pour Scarlett Johansson.


31) Meilleur film de 1999.

Big Daddy, de Dennis Dugan, avec Adam Sandler.

32) Réplique préférée. (Apparemment Vincent modifie sa traduction, pour en faire "slogan de film préféré". Je réponds aux deux questions.)

-la réplique: -Tu es infame. - Je ne suis pas infame, je suis une femme. (Une femme est une femme - et non A bout de souffle comme indiqué au départ, contre toute logique. Merci Père Delauche.)

-Le slogan sur l'affiche de Manpower, de Raoul Walsh (1941): "Robinson - He's mad about Dietrich. Dietrich - She's mad about Raft. Raft - He's mad about the whole thing."

33) Western de série B préféré.

Je me familiarise pour l'instant avec ceux de la série A, tout en gardant au frais ceux de la B.

34) Quel est selon vous l'auteur le mieux servi par l'adaptation de son oeuvre au cinéma?


Je donne ma langue au chat. Aucun exemple ne me vient à l'esprit.

35) Susan Vance (Katharine Hepburn) ou Irene Bullock (Carole Lombard)?

Susan Vance, pour (mais pas seulement!) ne pas dépareiller avec la question 10.

36) Quel est votre numéro musical préféré dans un film non musical ?

Jeanne Moreau dans Jules et Jim.






37) Bruno (Le personnage si vous n'avez pas vu le film, ou le film si vous l'avez vu) : une satire subversive ou un ou un stéréotype ?

Je serais tenté de dire stéréotype en devenir. Mais je n'ai pas vu le film.

38) Citez cinq personnes du cinéma, mortes ou vivantes, que vous auriez aimé rencontrer.

François Truffaut (pour qu'il parle avec son ton de faux calme), Fred Astaire (pour qu'il m'apprenne comment il fait), Andreï Tarkovski (pour qu'il me fasse un cours magistral) - voilà pour le monde des morts -, puis Steve Carell (il faut bien rire un peu) et Pavel Lounguine (pour discuter de la Russie) - voilà pour celui des vivants.

lundi 3 août 2009

Les Grandes Personnes, d'Anna Novion

Une île en Suède. Albert, un bibliothécaire, y emmène sa fille Jeanne, comme tous les ans, pour fêter son anniversaire. Cette fois-ci il a choisi cette île suédoise parce qu’il veut marcher sur les traces d’un viking légendaire et exhumer son trésor. Il n’est pas que touriste, il est voyageur, explorateur ! Bref, un personnage comique que cet Albert, incarné par un Jean-Pierre Daroussin qui a l’air un peu triste – rien de bien nouveau.


Lire la suite de la chronique chez Kinok.