mercredi 21 janvier 2009

Slumdog millionaire


Parce que le cadre du film est celui d'un jeu télé, Qui veut gagner des millions, tout, dans Slumdog millionaire, est prévu d'avance, écrit - comme on nous le dit pendant tout le film. Pourtant ce n'est pas monotone. Un peu comme la course initiale des deux gamins dans les bidonvilles. C'est coloré, hétéroclite, plein d'énergie, de musique, d'effets de caméra. Et tous les chemins de traverse, on le sait bien, vont vers un point précis. Un bon film anglais à la sauce indienne.

Niul à Che




"Un petit coup de maquillage, commandante?" Cette innocente question posée au barbu, avant qu'il ne prononce un discours barbant, c'est un peu tout le film de Soderbergh.

Il faut dire que le sujet n'est pas commode. A-t-il seulement jamais existé cet Ernesto "Che" Guevara, autre part que sur les t-shirts, autocollants, magnets, tasses, porte-clés et autres pins? Oui, me direz-vous, les images d'archive le prouvent. Voilà la destinée paradoxale de ce personnage représenté, manufacturé encore et encore, partout dans le monde, alors précisément qu'il est censé être (ou du moins représenter, justement) la spontaneïté, la pureté, l'authenticité même de la Révolution. Le rythme de reproduction est d'autant hystérique que chacun croit à la virginité originelle - unique, première - de ces images, de cette gueule d'ange, de ce noyau rayonnant l'énergie révolutionnaire.

Idôlatre de l'image d'archive, faussaire, revendeur de reliques, Soderbergh prend avec ce film un visage franchement détestable. Il fait le choix (c'est au fond le seul mérite de Soderbergh: un choix esthétique par film) de faire comme si Guevara n'était pas devenu un simple modèle d'usine, un simple archétype du produit "révolutionnaire" - ne serait-ce que pour contester, justement, cette réduction.

En ignorant le mythe, la mythologie, en se refusant à pointer toute dissociation entre ce qui s'est passé à l'époque et ce que nous disent les photos, les T-shirts et les Castro, Soderbergh choisit simplement d'ignorer la vérité de l'histoire. Pire: il prétend à l'imagerie documentaire, façon réel-caméra, participant ni plus ni moins à ce fantasme du révolutionnaire pur, vierge et saint. C'est un vrai mensonge qu'il nous fait, un faux authentique, une belle oeuvre de propagande, à la fois communiste et capitaliste.

Et encore, s'il avait réussi à nous faire vibrer avec la révolution... Mais non, même pas. C'est pourtant facile normalement, quand on est du côté des gentils, des gauchistes, d'émouvoir la compagnie! Non, là l'ambiance est plutôt à la révolution conscienscieuse, morale, scolaire, assez chiante en fait.