mercredi 7 mai 2014

Pas son genre, de Lucas Belvaux

Pas son genre commence par la rencontre de deux personnages qui ne sont que l'ombre d'eux-mêmes. L'un est un philosophe parisien (Loïc Corbery de la Comédie Française), l'autre une coiffeuse d'Arras (Emilie Dequenne du Cinéma Français). Le film tourne un bon bout de temps autour de ces deux stéréotypes. Clément a une grande bibliothèque, ne sait pas s'amuser en soirée et ne connaît pas le nom des actrices américaines. Jennifer a la simplicité entêtante d'un personnage de Demy, elle s'organise d'ailleurs des samedis soirs karaokés avec ses copines. 

Deux figures conventionnelles que Lucas Belvaux épaissit en les retournant contre elles-mêmes : à la fin c'est le philosophe dont les doutes paraissent vulgaires et la coiffeuse dont les certitudes ressemblent à des axiomes. Dialogues et non-dits mènent inexorablement à une fin brillante qui se joue en deux temps. Premier temps : le couple, joyeux, se fond dans une procession traditionnelle, au milieu des masques et des fanfreluche. On pense à la procession religieuse de Voyage en Italie, avant de se rendre compte que c'est exactement l'inverse qui est en train de se produire pour ce couple. Second temps : Emilie Dequenne chante, la larme à l’œil, une chanson qu'on a tous trop entendu, et qui ne pouvait avoir de beauté que là, dans le contexte de cette histoire et dans le cristal de ce plan.

2 commentaires:

  1. Très beau post pour ce film infiniment touchant.

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  2. ta d loi du cine29 mai 2014 à 19:05

    Les "non-dits" qui ont un effet "tue-l'amour", effectivement, difficile à comprendre pour le philosophe...

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