dimanche 1 septembre 2013

Alabama Monroe, de Felix Van Groeningen

On ose à peine émettre des réserves sur Alabama Monroe, l'atmosphère du film étant aussi séduisante que le sujet est grave (l'histoire d'un couple face à la maladie de leur fille). Voici pourtant quelques éléments qui m'ont gêné :
  1. La narration éclatée n'apporte pas d'éclairage supplémentaire à l'histoire. On a l'impression, au contraire, qu'il s'agit de complexifier le récit pour lui donner, en trompe l’œil, une profondeur qu'il n'a pas ou qu'il n'a pas besoin d'avoir. 
  2. Les refrains de country, très prenants, font tenir le film. C'est un bon point mais c'est aussi un défaut : la musique se substitue aux articulations qu'on aurait aimées plus naturelles. A la fin l'ambiance country devient un simple package glamour pour une histoire qui ne l'est pas.
  3. Le rapport du film à l'émotion m'a posé problème. Bonheur, douleur : ces sentiments élémentaires sont ressassés au lieu d'être restitués. Les perpétuels voyages dans le temps, au lieu de rendre justice à la linéarité tragique des événements, semblent être là pour maintenir l'intensité émotionnelle en tournant autour du pot. Il y a une sorte de suspense de la douleur que je trouve malvenu.
  4. Enfin, certaines pistes du films sont laissées à l'abandon en cours de route. C'est par exemple ce fétichisme sympathique de l'Amérique, qui créé une atmosphère étrange où se mélangent la Belgique et le midwest américain. Felix Van Groeningen a l'air de vouloir problématiser cette confusion en montrant deux interventions de Bush à la télé, mais le film devient si schématique et maladroit à partir ce moment-là qu'on est plus gêné qu'ému jusqu'au dénouement du film.

1 commentaire:

  1. Il y a un point sur lequel je ne suis pas d'accord avec toi, c'est sur la narration éclatée. Pour moi, elle est le seul moyen de rendre la douleur (un peu) supportable. Ça aurait été beaucoup trop dur de montrer le film de manière chronologique car si on regarde l'ordre des événements, on va du pire au tragique - ou de Charybde en Scylla pour élever un peu le niveau de ma remarque Déjà, en l'état, avec des scènes de bonheurs qui entrecoupent les scènes de malheur, c'était extrêmement difficile à supporter - je n'imagine pas la souffrance que ça aurait été d'avoir une deuxième moitié de film uniquement focalisée sur la descente aux enfers du couple. Je trouve également que c'est une belle façon de rendre compte de leur relation, en la considérant comme un tout, une sphère sans début et sans fin que l'on peut observer de n'importe quel côté - leur lien et leur complicité transcendent les notions d'espace et de temps, d'où aussi la composante US même si je suis d'accord avec toi qu'elle n'est pas exploitée à fond, tout comme l'opposition croyant / athée. Et personnellement (mais c'est parce que je suis pas Flamand), j'aurais fini le film avec un scène soit de leur première rencontre soit d'un moment fondateur pour leur couple, comme le premier concert où ils chantent ensemble par exemple - ou mieux, un moment qui n'a pas été montré, celui où il découvre qu'elle a une voix magnifique et qu'il lui propose de chanter. Ca aurait permis d'éviter le lexomil à la sortie.

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