mercredi 9 juin 2010

Copie conforme


Le discours esthétique est posé d'entrée de jeu, dans Copie conforme. Ou plutôt la question esthétique. Tout commence par une conférence donnée par l'auteur d'un livre, Copie Conforme justement, sur le thème de la copie et de l'originale. Authenticité, autorité, origine et originalité sont les termes lancés et mis en question par cet érudit. Pendant ce temps, une femme vient s'asseoir dans la salle de conférence, parle à distance avec son fils qui boude dans un coin, le conférencier parle, son téléphone sonne, il répond devant l'assemblée, Juliette Binoche s'éclipse dans un sourire, le regardant.

De ces premiers instants nous retiendrons l'art de la diversion, des pistes lancées au hasard, les vecteurs de communication qui se multiplient - pour mettre à mal puis pour rétablir l'autorité du conférencier. Abbas Kiarostami multiplie les langues parlées, les instants de divertissement, les téléphones qui sonnent, les chemins qui s'égarent, comme pour nous éloigner de l'origine du film - du discours original - puis pour nous y ramener. Sous ses airs anodins, ce film a l'air de vouloir parler de l'art et de l'amour à l'heure du cinéma et de la reproductibilité. Qu'est-ce que l'original quand il n'y a plus d'unicité de l'objet artistique, qu'est-ce que le sentiment amoureux quand on est un vieux couple?

Le problème de Copie Conforme, c'est qu'on ne dépasse pas ce premier stade de questionnement, ni ces premières situations de détournement. Mis à part le tournant subtil et déroutant qui survient au milieu du film, on reste dans un jeu de dialogue qui engourdit petit à petit - et finit vite par ennuyer. D'autant que tout ça ne va pas très loin, au mieux un "l'authenticité est dans l'œil de celui qui regarde", au sommet du débat. L'esthétique reste au stade du discours, et le film ne relève pas, au fond, le défi qu'il s'était donné dans son titre.

1 commentaire:

  1. J'aurais dû lire ton article, je n'aurais pas perdu de temps à aller voir ce film... Et encore, je te trouve plutôt gentil. Ce film n'a pas de but, deux parties qui n'ont pas vraiment de lien entre elles, et surtout on n'y croit pas un seul instant, et ce dès le début.

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